Confinement : Quand l’école à la maison creuse les inégalités

Par décision du gouvernement, les écoles sont toutes fermées. À l’école Duburcq, l’enseignement continue à distance grâce au numérique. Entre ceux qui ont les outils pour travailler et ceux qui n’en ont pas, l’écart entre les inégalités se creuse.

Avec les mesures prises par le gouvernement face à la pandémie, le quotidien des enfants mais aussi des instituteurs a été bouleversé. Durant cette première partie de confinement, le discours de l’Éducation nationale était de maintenir les acquis.

C’est donc dans ce sens que chaque instituteur s’est organisé grâce au numérique. Dans la classe de CM1 de Nicolas Ponchon, tous les enfants sont équipés et peuvent faire leurs devoirs. « Pour donner la même égalité des chances, il y a des enseignants qui font des photocopies ». Ils demandent aux parents de venir les chercher à l’école tout en respectant les gestes barrières.

Des parents suivent, d’autres non

Ses élèves avancent à leur rythme. « Il y a trois élèves qui sont vraiment déconnectés. Cela peut être parce que les parents travaillent et n’ont pas le temps, parce qu’ils n’ont pas les connaissances ou ne connaissent pas assez la langue pour pouvoir suivre » explique-t-il. Le professeur essaye de les appeler régulièrement, mais aucune réponse. Pour éviter de creuser l’écart entre les élèves, il demande à ceux qui travaillent rapidement de relâcher parfois.

À côté de ça, Nicolas organise des classes virtuelles. « Je donne un horaire, je préviens par message, mais encore faut-il que les parents aient le message et/ou l’équipement avec un écran assez grand et un micro pour parler ». Il n’a pu avoir qu’un tiers des élèves en ligne.

Les parents, les nouveaux instituteurs ?

En plus d’être présent pour ses élèves, il l’est aussi pour les parents et les rassure. « Ils voient les difficultés et nous posent beaucoup de questions : « comment je fais pour telle notion ? Je n’arrive pas à le motiver, comment dois-je m’y prendre ? » ».

Certains parents n’ont pas les codes scolaires, d’autres perdent patience. Nicolas sait que cette situation est difficile. « Ils ont l’impression qu’on leur demande de s’improviser enseignant alors que non, si l’enfant ne réussit pas, il faut passer par autre chose ». Et les instituteurs sont là pour les aider.

Le numérique ne peut pas tout remplacer

« Nous avons entendu dernièrement qu’il allait falloir avancer dans les programmes », annonce Nicolas. Ses collègues et lui attendent encore les directives, mais certains enseignants refusent déjà. « Ils disent qu’ils vont perdre les élèves qui sont sans internet, sans matériel et qui ne se déplacent pas pour chercher les papiers ». Et donc que l’écart entre les enfants continuera à se creuser.

Ce souci se pose d’autant plus en CP et CE1 « des classes où il y a des notions nouvelles. Comment expliquer le son « in » à un élève sans la voix, sans la présence de l’enseignant, c’est complexe » précise-t-il. Nicolas, qui est également responsable du numérique à l’école Duburcq, a conseillé certaines plateformes à ses collègues, qui les utilisent aujourd’hui, mais pour lui : « pour apprendre quelque chose de nouveau, le présentiel est obligatoire. Le numérique a ses limites, il ne peut pas remplacer l’enseignant qui répond au besoin exact de l’élève ».

Fanny Labarre pour La Marne

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